Si vous vous demandez régulièrement quelle est la version d’un produit la plus impactante pour l’environnement, l’ACV ou Analyse du Cycle de Vie peut vous aider à trouver la réponse.
Définition de l’ACV – Analyse du Cycle de Vie
L’Analyse du Cycle de Vie est une méthode normée (répondant aux normes ISO 14040 à 14043), développée à partir des années 90. Elle permet d’évaluer l’impact d’un produit sur l’environnement, de sa conception jusqu’à sa fin de vie, selon une approche multi-critères. Son bilan est indiqué en kg CO2 équivalent (définition de l’Ademe).
Comme il s’agit d’une méthode normée, les ACV menées entre différents pays peuvent être comparées les unes aux autres, mais on ne peut pas en tirer des généralités (voir les exemples en fin d’article). On peut, par exemple, comparer l’impact environnemental d’un modèle de voiture électrique en France, dont l’électricité provient d’une centrale nucléaire, et d’un autre modèle de voiture électrique en Allemagne, avec une électricité provenant d’une centrale à charbon. Toutefois la comparaison s’appliquera à 2 modèles de voiture et non l’ensemble des voitures électriques françaises versus l’ensemble des voitures électriques allemandes.
Bien qu’elle soit davantage mise en oeuvre pour un produit, l’ACV peut également s’appliquer à un service.
Si vous souhaitez en savoir plus, je vous recommande le site de l’Association Pôle Éco-conception.
Définition de l’éco-conception
La prise en compte du cycle de vie d’un produit, de la phase de la R&D jusqu’à sa fin de vie, en essayant de réduire l’impact environnemental à chaque phase, s’appelle l’éco-conception.
Pour qu’un produit soit éco-conçu, l’entreprise doit pouvoir prouver que chaque phase de son développement : de son design à sa fabrication, en passant par son obsolescence et fin de vie, a été étudiée et améliorée par rapport à un produit standard de sa gamme.
En effet, l’éco-conception est encadrée par le directive n° 2009/125 ou la norme ISO 14062 : « l’éco-conception est défini comme l’intégration des caractéristiques environnementales dans la conception du produit en vue d’améliorer la performance environnementale du produit tout au long de son cycle de vie ».
Les entreprises peuvent se faire accompagner par l’Ademe (l’Agence de Maitrise de l’Énergie) ou un bureau d’études spécialisé dans les ACV. Des outils d’aide à la décision sont également disponibles, comme le logiciel ÉLODIE d’analyse du cycle de vie des bâtiments, développé par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.
ACV multi-critères : les caractéristiques environnementales
L’ACV se calcule sur l’analyse des flux :
- les flux entrants concernent les matières et les énergies qui vont être utilisées pour fabriquer le produit (ressources en fer, eau, pétrole, gaz, métaux précieux…) ;
- les flux sortants correspondent aux déchets, aux émissions de gaz, aux liquides rejetés…
Les limites de l’ACV
Même si l’Analyse du Cycle de Vie est une démarche vertueuse et essentielle, permettant de se poser les bonnes questions et d’anticiper l’impact environnemental d’un nouveau produit ou d’un nouveau service, dans les faits, il reste très compliqué, voire impossible de les comparer tant les critères pris en compte sont à la fois nombreux et spécifiques d’une situation et/ou d’un usage.
En effet, l’usage ne dépend plus du fabricant, mais uniquement de l’utilisateur. Le fabricant peut anticiper autant qu’il le souhaite l’usage, définir des bonnes pratiques, une fois dans les mains de l’acheteur, l’usage peut être totalement différent.
Je m’explique, si vous vous demandez quel est le sapin avec un impact sur l’environnement le plus important, entre le sapin naturel et le sapin artificiel, cela va dépendre de plusieurs facteurs comme la distance que vous allez parcourir pour acheter votre sapin, le moyen de transport utilisé, le nombre d’année où vous allez réutiliser le sapin en plastique…
Exemple : Analyse du Cycle de Vie comparative entre le sapin artificiel et le sapin naturel
Cette étude, la seule du genre, a été menée il y a quelques années déjà, en 2009, par Ellipsos, une firme d’experts-conseils québécoise spécialisée dans l’environnement.
Le scénario retenu est de comparer un sapin naturel cultivé et récolté dans une plantation située à 150km de Montréal, contre un sapin artificiel fabriqué en Chine, arrivé en paquebot à Vancouver puis acheminé en train jusqu’à Montréal.
Pour que, dans ces conditions, le sapin artificiel soit moins impactant pour l’environnement que la sapin naturel, il faudrait le garder minimum 20 ans. Or la société québécoise estime que le durée de vie moyenne d’un sapin en plastique est de 6 ans.
Exemple : Analyse du Cycle de Vie comparative entre les voitures électriques versus les voitures thermiques
Plus récemment, en 2020, vous avez peut-être regardé le reportage sur Arte ” La face cachée des énergies vertes”, qui indiquait de manière globale, que les voitures électriques étaient tout aussi polluantes que les voitures thermiques, en cause deux principaux paramètres :
- l’extraction des métaux rares pour les batteries et les composants électroniques des voitures,
- l’origine de l’électricité pour recharger les voitures (production décarbonée ou non).
L’ACV dépend de paramètres aussi nombreux qu’impactant, c’est donc un non sens de vouloir tirer des généralités. Il faudrait comparer, pays par pays, par constructeurs et par usage, pour répondre à la question : est-ce que la voiture électrique du constructeur automobile “XXX” est aussi impactante que sa version thermique pour un usage essentiellement urbain ?